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  • Photo du rédacteurFamille Le Roux

Passage de frontières et petits arrangements entre amis...


Passer les frontières par les grands aéroports internationaux se fait généralement sans encombre. Chargés de tous nos sacs, on demande à nos enfants de se tenir calme et de faire un joli sourire aux officiers de l'immigration et aux douaniers et nous obtenons, jusqu'à présent, le précieux sésame d'entrée ou de sortie en 2 temps 3 mouvements. Après 6 frontières franchies les enfants maîtrisent bien la technique. Et il n'est pas rare que l'on nous fasse couper la file d'attente une fois que les personnels ont repéré Hugo, qui n'est encore qu'un pitchounet. C'est plutôt sympa. La palme de l'accueil revient aux indonésiens qui nous ont très gentiment redirigé vers le passage VIP réservé aux diplomates pour ne pas nous faire attendre : emballez, c'est pesé ; formalités en 1 minute chrono sans rien demander. Bonjour la famille Le Roux, bienvenue chez nous ! C'est beau la voie diplomatique...

Pour les frontières terrestres, c'est... comment dire... plus funky. Il règne en Asie du Sud-Est une corruption importante aux frontières terrestres et le passage est toujours facilité si on aligne quelques dollars de plus que le prix du visa. Oui mais voilà, des dollars nous en avons peu et des principes beaucoup, enfin surtout Magali. Du coup on a décidé de la jouer tolérance zéro sur la corruption. Le seul risque est souvent de rester bloqué quelques heures à la frontière, ce qui n'est pas très grave, nous avons le temps. Si le cas se produit, on a prévu de sortir le pique-nique et de laisser jouer les enfants jusqu'à ce que les autorités locales se montrent conciliantes. La plupart du temps, c'est une partie de bluf parfois teintée de menaces qui ne sont de toute façon pas mise à exécution... Oui mais pas toujours.

En cette belle journée du 9 décembre, c'est avec un petit pincement au cœur que nous quittons le Vietnam qui nous a tant plu mais plein d'entrain que nous nous dirigeons vers notre bus pour faire le trajet Hô Chi Minh-ville-Phnom Penh et rejoindre le Cambodge. La réputation de la compagnie de bus est très moyenne mais les prix sont avantageux. On tente... Peut-être un petit signe avant coureur, nous sommes les seuls occidentaux à bord... Renseignements pris, nous connaissons la petite arnaque qui se joue à la frontière. Tu payes 5$ de com par tête de pipe au chauffeur du bus ou à son acolyte et il s'occupe d'obtenir les visas à ta place. Moit moit avec l'officier à la frontière et le visa est délivré sur le champ, tout le monde est content !

Une ou deux compagnies de bus jouent franc jeu et annoncent d'emblée que le visa coûte 35$ au lieu de 30$. Ils font passer cela pour un service et te laisse manger ou te reposer tranquillement pendant qu'ils s'occupent des formalités. Pourquoi pas...  En tout cas c'est écrit noir sur blanc et tu choisis avant de monter dans le bus. Les autres transporteurs, dont le nôtre, jouent une partie plus sournoise. Ils attendent que le bus soit parti pour t'expliquer que tu ne peux pas te charger toi même d'acheter ton visa, qu'il te faut un intermédiaire officiel, que c'est long, c'est compliqué, que tu ne parles pas la langue, tout ça tout ça... et que le service rendu, obligatoire donc, coûte 5$. Florilège d'absurdités.

Nous refusons poliment et après quelques minutes de palabres, le type du bus que nous percevons comme un tantinet hypocrite accepte finalement de nous laisser nous débrouiller à la frontière en nous avertissant quand même, que le bus ne nous attendra pas spécialement si on est un peu long. Ce à quoi nous rétorquons gentiment mais avec un peu de fermeté que nous avons acheté un billet pour aller jusqu'à Phnom Penh et que s'il nous plante nous appelons immédiatement son boss (on a le numéro du bus et le numéro de téléphone de la compagnie, maigre précaution je vous l'accorde). L'argument a peu d'effet, j'imagine qu'il doit l'entendre tous les jours. Toujours est-il qu'arrivé à la frontière nos sacs sont débarqués sans notre consentement... Vous n'avez pas voulu payer, maintenant c'est votre problème !

Nous fonçons avec tous nos sacs vers le guichet qui délivre les visas. Par chance, il n'y a personne, ça devrait aller vite. D'autant que l'officier qui se charge de délivrer les précieux documents n'a pas l'air de vouloir nous créer des problèmes. Les dollars sont prêts et nous avons 2 stylos dans la poche pour remplir les documents que nous nous partageons rapidement avec Magali. Les enfants tiennent les passeports et nous dictent aussi vite que possible toutes les informations demandées. L'opération est menée tambour battant et tout est plié en moins de 10 minutes, douane comprise. Chacun a parfaitement joué son rôle. Youpi, nous sommes au Cambodge !

Fiers de la performance que nous venons de réaliser, nous avons bon espoir de retrouver notre bus garé de l'autre côté de la frontière. Mais nous déchantons vite. Le type du bus ne bluffait pas. Carapaté notre bus. Disparu. Ils se sont fait la malle. Quelle bande de...! Et nous voilà planté à la frontière avec sacs et enfants dans une petite ville glauque, surchauffée par le soleil au zénith. Un coin de bout du monde sans âme, sans intérêt. Et on fait quoi maintenant ???

J'appelle immédiatement la compagnie de bus pour dénoncer le félon (mes enfants lisent le blog, je ne peux pas employer le vrai terme) et discuter de vive voix avec eux. Ma carte SIM vietnamienne passe encore, profitons en... Mais il fallait s'y attendre, la seule interlocutrice que je parviens à joindre ne parle pas un mot d'anglais et je ne sais pas dire "ta mère elle a pas Netflix" en Vietnamien, la conversation prend vite fin ! On hésite, on gamberge... On étudie les options. Est-ce qu'on se rend à la gare de bus locale pour trouver un autre moyen de transport ? On ne va quand même pas dormir ici. Et non, zut, ce billet on l'a payé ! Il n'y a pas de raison que la compagnie ne nous amène pas à bon port. Nous nous plantons à la frontière bien décidé à monter dans le prochain bus bleu de la compagnie qu'il le veuille ou non. Des bus circulent toutes les heures, ça ne devrait pas être trop long. Nous demandons aux enfants de se tenir près.

Nous avons à peine le temps de pique-niquer et de discuter un peu avec les types à la frontière qui dénoncent l'attitude minable de nos convoyeurs – nous ne sommes pas dupe, ils font certainement la même chose – que le bus suivant arrive. Magali est remontée comme une pendule. Ça ne va pas être beau à voir... Le bus ouvre ses portes... Sans rien demander à personne, Magali monte et s'installe sur le premier siège libre avec son gros sac à dos. Le chauffeur est un peu surpris. Elle a du se tromper de bus... Je monte à mon tour et lui explique la situation : monsieur, nous réquisitionnons le véhicule... Enfin vous voyez l'idée (j'étais assez tenté d'ajouter "ordre du président" mais Magali me rappelle qu'au Cambodge c'est un roi).


On discute, on parlemente. Le ton monte. Avec la diplomatie qui est la sienne, Magali fait clairement comprendre qu'elle ne descendra pas du bus. Ça s'annonce, comment dire... moyennement... On sent bien que le chauffeur a envie de nous dire oui, surtout quand il regarde les enfants. D'un autre côté, il doit avoir des consignes. La petite magouille est bien rodée, tout le monde s'est mis d'accord pour faire plier les rebelles comme nous. Après quelques minutes interminables, il finit par dire oui, sans doute parce qu'il a bien compris qu'il ne pourra pas déloger ma femme sans violence et que sur le fond ça le gêne un peu de laisser une famille avec un jeune enfant en plan... et... c'est gagné, nous repartons ! Nous sommes entassés à 5 sur les 3 dernières places libres à l'arrière du bus, mais au moins nous roulons. À nous Phnom Penh !

Bon, on a réfléchi et on va un peu affiner la stratégie pour la prochaine frontière terrestre. Il parait que Thaïlande-Laos est assez gratinée. Ça promet ! Rassurez-vous, on a un plan... Si on termine dans les geôles laotiennes, vous nous enverrez des oranges !

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