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  • Photo du rédacteurFamille Le Roux

Code de la route indien

Dernière mise à jour : 6 févr. 2021

Avant de partir en voyage, notre copain indien, Mani, nous avait mis en garde : en Inde, si vous tenez à la vie, ne conduisez pas, engagez un chauffeur ! Nous avons suivi le conseil et nous ne le regrettons pas. Après avoir survécu - le terme est pesé - durant 5 semaines et plus de 3000 km sur les routes en Inde, nous mesurons mieux la portée de ces paroles pleines de sagesse.


Passée la phase de sidération qui ne dure que quelques jours, nous nous sommes finalement habitués à la circulation locale et avons consigné, avec beaucoup d’amusement, je l’avoue, les manœuvres et comportements les plus étonnants. Mention spéciale à Alexis, très attentif, qui riait beaucoup de tout ce qui se passait sur la route…

On commence par une petite anecdote pour planter le décor, sans doute celle qui a le plus étonné les enfants. Sur la route de Hampi, dans la province du Karnataca dans le sud de l’Inde, nous avons, un jour, suivi un camion qui transportait et mettait en scène, avec fleurs et musique, une vache mutante à 6 pattes, une sorte de super vache !!! 4 pattes comme toutes les vaches et 2 de plus à l’arrière du cou. Pas très utile... mais c’était quand même des pattes bien qu’un peu atrophiées. On a même demandé à notre chauffeur qui dépassait le camion de ralentir pour revoir l’animal. En Inde, les vaches sont sacrées : quel que soit le nombre de pattes, on garde ! A partir de là, je crois qu’on s’est dit que tout était possible sur les routes indiennes ! Pris de court on n’a pas réussi de super photo de notre vache mythique, mais on vous la met quand même ; ce n’est pas courant...


Allez, accrochez vos ceintures, on va essayer de vous résumer le meilleur-du-pire de la circulation en Inde.


Règle numéro 1 :

Le véhicule le plus lourd a toujours priorité sur le véhicule le plus léger, sauf en ce qui concerne les vaches qui sont toujours prioritaires sur tous les autres usagers de la route, piétons compris.

Il est toutefois intéressant de noter qu'un klaxon puissant permet de monter de 1 ou 2 crans dans la hiérarchie. Certains l'ont bien compris et n'hésitent pas à monter des klaxons surpuissants sur des tuktuks pour se faciliter le passage.


Pour en revenir au poids des véhicules qui est la donnée première du code de la route, c’est en fin de compte assez simple : le poids-lourd est prioritaire sur le bus, le bus sur la voiture, la voiture sur le tuktuk, le tuktuk sur la moto, la moto sur le vélo et le vélo sur le piéton.


Autant dire qu'il faut serrer les fesses lorsqu'on est à pied en bordure de route. J'avais lu qu'il était dangereux d'être piéton en Chine, mais l'auteur était sans doute quelqu'un qui n'avait pas voyagé en Inde. Hugo qui s'est fait rouler sur le pied par un taxi à Udaipur peut en témoigner (ne vous inquiétez pas, rien de grave, plus de peur que de mal).

Il y a aussi eu cet épisode mémorable à Jaipur, capitale du Rajasthan, où, parti faire quelques courses à pied, je suis resté bloqué en bordure de rue avec Hugo dans les bras, tentant l’impossible traversée de la chaussée littéralement envahie par un flot ininterrompu de 2 roues… des centaines, des milliers de 2 roues collés les uns aux autres, avançant péniblement centimètre par centimètre dans le crépuscule rendu brumeux par le volume indécent des gaz d’échappement. Suffocant !


Règle numéro 2 :

Les dépassements se font par la droite (vestige de l'époque coloniale anglaise, les indiens conduisent à droite, donc rien d'anormal jusque-là) mais aussi... par la gauche, par le milieu, par les bas-côtés, voire par le terre-plein central si celui-ci est praticable et que le chauffeur est un peu hardi.

De la découle le corollaire : sur une 2 voix ça passe au moins à 3 ! On peut donc doubler en toute circonstance. Comme personne n’a envie de mourir, tout le monde va faire un effort et se pousser un peu ! C’est assez effrayant les premières fois lorsqu’on voit arriver les véhicules en face, mais on s’y fait.


Règle numéro 3 :

La seule limite au nombre de personnes sur une moto est la charge supportée par le 2 roues, c’est-à-dire au moins 4 adultes et jusqu’à 7 si les enfants ne sont pas trop lourds. On peut bien sur accrocher des sacs à l'arrière ou des paniers sur les côtés.

Ce n’est pas propre à l’Inde, ça concerne également toute l’Asie du Sud-Est. Et puis, on a eu beau regarder, nous, on n’a jamais vu plus de 5 personnes sur une moto ! On sait seulement que le 7 existe car d’autres voyageurs plus chanceux ont réussi la photo mythique. Argh !

Règle numéro 4 :

La limite du nombre de personnes dans un tuktuk est mal connue. Nous l'estimons à au moins 10, peut-être 15... En tout cas, en tassant tout bien, nous, on montait facilement à 5 avec nos sacs à dos. Quand je pense que j'ai parfois du mal à tout rentrer dans notre C4 Picasso, j'avoue que j'ai pris une bonne leçon d’optimisation !

Dans le cas d'un gros 4x4, on peut sans problème envisager de faire une sortie scolaire (1 classe de 25 + la maîtresse, 1 ou 2 accompagnateurs et le chauffeur) étant donné que le toit est exploitable et qu'on peut facilement y entasser 10 à 15 enfants qui, en plus, bénéficieront d'un agréable courant d'air. Et oui, on a vu cette scène incroyable (bon, soyons honnête, ça n'était probablement pas une classe mais il y avait bien 25 personnes dont de nombreux enfants un peu partout dans et sur 4x4). Spectaculaire… irréel ! Pour nous autres européens, la débrouillardise et l'imagination des indiens sont tout simplement subjugantes.


Règle numéro 5 :

L'élément le plus important sur un véhicule est le klaxon. Toujours vérifier que celui-ci est bien fonctionnel avant de monter. Votre vie en dépend !

En moyenne, on estime qu’un Indien klaxonne autant de fois dans une journée qu'un français (même marseillais) en 1 an. Je vous avoue que ce n'est pas cet aspect de l'Inde que nous avons préféré. Fait surprenant, le concert de klaxon continue quand il y a un gros embouteillage et que tout le monde est à l'arrêt. On se demande encore pourquoi ???


Règle numéro 6 :

Sur une 2x2 voies (l’équivalent d’une route nationale en France), la plus grande prudence est de mise. En effet, rien ne garantit qu'un autre véhicule, avec un chauffeur en apparence sain d'esprit, ne roulera pas en sens inverse pour éviter d'aller faire un demi-tour en toute sécurité 500m plus loin. Pourquoi gaspiller du carburant ?

En gros, le sens de circulation est globalement défini, mais rien n'interdit de rouler à contre sens si ça peut faire gagner un peu de temps ou que la route est meilleure de l’autre côté.


Règle numéro 7 :

En Europe, tu écoutes ton GPS : ça te fait gagner du temps, éviter les embouteillages... En Inde, tu ne fais pas le malin avec la technologie et tu restes sur les grands axes !

L'état des routes est… comment dire ? très aléatoire. Dans la province du Rajasthan, notre berline Toyota a beaucoup souffert des optimisations de trajet suggérées par Google Map. Les petites routes se transforment vite en piste de rallye-raid, les vaches en plus. Les enfants ont adoré, c'est comme au manège, ça secoue dans tous les sens. Mais tout le monde n'est pas Sébastien Loeb et nous nous sommes fait quelques belles frayeurs.

D'ailleurs en parlant de grands axes, pourquoi diable s'amusent-ils à mettre des ralentisseurs au beau milieu de nulle part ? Ça aussi ça reste une interrogation ???

Un jour que nous roulions sur les grands axes en direction d’Udaipur, notre chauffeur, sans doute engaillardi par 10 km de route sans surprise a relancé l’ambiance malgré lui en élançant notre véhicule sur un de ces tremplins à plus de 80 km/h. Réveil garanti pour ceux qui s'étaient assoupis dans la voiture !


Règle numéro 8 :

Nous avons constaté que de nombreux chauffeurs de taxi en Inde ne savent pas lire une carte ou utiliser un GPS. On a beau leur montrer où on veut aller sur le smartphone, ça ne leur parle pas (bon, ça se fait à l'indienne, ils disent oui-oui de toute façon).

Le seul moyen pour arriver à bon port et de fournir le numéro de téléphone du point d'arrivée pour qu'ils puissent se renseigner auprès d'un compatriote et identifier une rue ou un bâtiment qu'ils connaissent à proximité.

Pas très pratique mais on comprend. Ils font avec les moyens du bord...


Oui, mais quand même… En arrivant à New Delhi, vers 2h du matin mi-octobre, nous sommes tombés sur un zigoto qui ne s'en sortait pas pour trouver notre logement et qui refusait systématiquement l’aide de Google Map pour éviter le déshonneur, bien qu’incapable de se diriger dans un quartier labyrinthique qu'il ne connaissait manifestement pas.

Après de longues minutes d'errance et plusieurs rues remontées à contre-sens, il finit par accepter notre aide et c'est avec un large sourire et beaucoup d'aplomb qu'il nous débarqua fièrement devant notre hôtel, insistant lourdement sur le pourboire mérité compte tenu du temps passé à trouver l’adresse. NADA !


Concluons cet article en signalant qu’il y a de nombreux chauffeurs en Inde de grande qualité. Des gars qui connaissent leur job et leur pays comme leur poche et qui ne passent pas leur temps à klaxonner à tout-va dans les embouteillages. On peut même dire, qu’en moyenne, les chauffeurs indiens sont des as de la route : compte tenu du bazar ambiant, des pièges sournois, des routes qui se transforment soudainement en piste, de la densité de circulation, de l’état des véhicules, des vaches, voire des éléphants… il est très étonnant qu’il n’y ait pas plus de morts !


Dédicace.

Nous avons eu 2 chauffeurs avec qui nous avons passé beaucoup de temps pour nos road trip de 2 semaines dans le sud et presque 3 dans le nord. Et ils étaient tops. Ils conduisaient prudemment, savaient presque toujours où ils allaient (ce qui n'était pas forcément évident vu nos itinéraires). Un grand merci donc à Ramesh et Ramesh, si, si !, de nous avoir aider à découvrir ce si beau pays. On vous laisse les coordonnées de notre Ramesh du sud si vous avez besoin (on n'a pas celle de Ramesh du nord) ; le gars est sympa, fiable et parle bien anglais.


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