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  • Photo du rédacteurFamille Le Roux

Bob Marley et le tricot rayé

Dernière mise à jour : 6 févr. 2021

Ces derniers jours nous avons effectué une descente expresse depuis la ville de Chiang Rai au nord de la Thaïlande vers Koh-Lanta, une île située dans la mer d’Andaman où la température de l’eau tombe rarement en dessous de 29 degrés. Un peu pour échapper à l'emballement médiatique autour du coronavirus chinois et éviter de se faire bloquer par inadvertance dans une quarantaine décidée à la hâte (ce n’est pas tant le virus qui nous effraie que le traitement qui en est fait dans les médias) mais surtout pour pouvoir nous offrir quelques jours de repos au soleil après nos trois semaines passées au Laos où nous avons battu des records de lenteur dans les transports.


Le Laos est un pays magnifique ; la nature est partout, souvent exubérante ; le Mékong n'est jamais loin... Il règne un vrai sentiment de liberté et encore un peu de cette authenticité perdue dans les pays voisins. Mais pour combien de temps encore ? Ici, comme ailleurs, le pays s'est ouvert au tourisme de masse et le rouleau compresseur chinois s'est mis en marche, posant irrémédiablement les jalons de ses nouvelles routes de la soie. Toujours est-il qu'en attendant que les chinois viennent construire des autoroutes, l'état des routes nationales laotiennes laisse pour le moins à désirer. Pour être franc, je crois qu'elles ne valent même pas nos petites routes de campagne. Trois semaines de ce régime ont éprouvé nos organismes !


A Chiang Rai, notre passage trop bref ne nous aura permis que de visiter le « white temple » (Wat Rong Khun), récente création d’un artiste thaïlandais de renom. Le moins que l’on puisse dire c’est que ça brille… mais c’est très beau, une vraie réussite architecturale ; sur ce point, la famille est unanime. Et puis les enfants se sont fait prendre dans une séance de shooting photo avec des moines venus en pèlerinage ; je ne savais pas que les moines postaient des selfies sur instagram ???

Nous avons enchaîné par une petite étape de 36h à Sukhôthai, le joyau archéologique de la Thaïlande que nous avons aimé parcourir à vélo, avant de rallier Bangkok par bus, Krabi par avion, son port par taxi et finalement Koh Lanta par bateau, le tout en 24h, dans le plus pur style « Tour du Monde en 80 jours ».


Nous avons adoré Koh Lanta. Quoique très touristique, l’île est suffisamment vaste pour éviter que l’on se marche les uns sur les autres. Ici, en février, c’est très relaxant ; une belle destination familiale. Et puis nous avons retrouvé nos copains Pierre, Violaine, Sarah et Raphaelle pour la troisième fois depuis que nous sommes en Asie (nous avons fait leur connaissance au Vietnam, les avons recroisés par hasard au sud du Laos et une nouvelle fois en Thaïlande ; finalement l’Asie ce n’est pas si grand !). Pour eux, la suite de l’aventure se poursuivra maintenant en France, leur magnifique voyage se termine ici. Nous espérons bien les revoir ici ou là…


Une rencontre en amenant souvent une autre, nous avons fait la connaissance d’Hortense, Olivier et leurs 3 enfants (leur blog est ici) qui ont peu ou prou le même projet que le nôtre mais en sens inverse. Autant dire que nous nous sommes tout de suite bien entendus et ce fut très agréable de les côtoyer pendant deux jours et d’échanger quelques tuyaux et bonnes adresses. Une belle famille pleine de projets comme on les aime et que nous espérons aussi revoir en Europe à notre retour.


Et Bob Marley dans tout ça ? On y arrive…


Durant notre passage à Koh Lanta, nous avons fait une journée d'excursion à Koh Phi Phi, île voisine, et c’est finalement là que je voulais en venir et c’est là que commence notre histoire…


Après une heure de ferry, nous débarquons en famille à Koh Phi Phi, une des îles les plus fameuses de la mer d’Andaman. Il faut dire que tout y est : le sable blanc, la mer turquoise… cristalline par endroit, les cocotiers. De vrais paysages de carte postale. Ça, c’est pour le côté paradisiaque. Le problème avec ce genre d’endroit c’est qu’ils sont très/trop bien répertoriés dans les guides de voyages du monde entier et que les touristes (nous en faisions partie ce jour-là) affluent en masse pour en prendre plein les mirettes.

L’île est chère, les rues sont bondées. Mais il n’y a quand même rien à dire, c’est magnifique!


Nous arrivons en fin de matinée. Le soleil est déjà haut et la chaleur difficilement soutenable. Nous prenons la direction de la belle plage de sable blanc qui se situe à quelques minutes de marche du port et tout le monde se jette à l’eau. La mer est tellement chaude qu’on a presque l’impression de prendre un bain. La baie qui s’ouvre devant nos yeux s’étend de toute sa splendeur. Y’a quand même de sacrés coins sur cette planète.

Malgré tout, ça manque de poissons, petite déception. Renseignements pris, les fonds marins coralliens et les beaux poissons multicolores que l’on nous a « vendus » ne se trouvent pas sur cette plage mais plutôt autour de l’île jumelle qui se trouve à quelques encablures de la côte, de l’autre côté de notre île. Mince !


On aime bien la plage, mais quand même, on ne reste à Koh Phi Phi que 7h et il n’est pas sûr qu’on n’y remette jamais les pieds. C’est dommage de ne pas aller voir « en face »…

Nous prenons rapidement la décision d’affréter un long tail boat pour la famille afin d’aller faire le snorkelling dont nous rêvons tant. Nous allons exploser le budget de la journée, mais il faut parfois faire des sacrifices !


Les négociations commencent… Je déambule dans le village à la recherche d’un navigateur qui veuille bien nous faire un « good price » pour la famille. Les tarifs officiels affichés dans les échoppes du coin sont exorbitants et j’aimerais au moins que les enfants ne payent pas !

Après 3 tentatives, j’obtiens enfin ce que je souhaite et c’est « Bob Marley » qui remporte les enchères ! Non pas que le type qui arbore un magnifique T-shirt à l'effigie du King of reggae m’inspire confiance mais son bateau a l’air en bon état et pour faire 3 mille marins, je me dis que celui-là ou un autre c’est pareil. S’il peut juste lâcher ce qu’il fume quand mes enfants seront à bord, ce sera parfait.

RDV est pris. On se retrouve devant le 7-Eleven dans 30 minutes. Franchement, en Thaïlande, je ne sais pas ce qu’on deviendrait sans les 7-Eleven ?


J’en profite pour acheter 3 mangues, 2 concombres et quelques snikers (une mauvaise habitude prise en Chine) pour le pique-nique du midi et je retourne à la plage annoncer la bonne nouvelle. Explosion de joie ! A nous les poissons !


De toute évidence, l’histoire entre Bob et la mer est récente. Quand on voit la façon dont il négocie les vagues et manque de faire chavirer l’embarcation à une ou deux reprises, on se dit que c’est plus l’amour des dollars que l’appel du large qui l’ont poussé à faire sa reconversion. Peu importe.... La mer est chaude, on sait tous nager, la côte n’est pas loin… on se rassure comme on peut…


Nous arrivons enfin sur les côtes de Koh Phi Phi Leh. L’île est sauvage et entourée de falaises abruptes qui plongent dans une mer aux couleurs tantôt turquoise, tantôt émeraude. Des criques tout juste accessibles par de modestes embarcations et de petites plages de sable fin jalonnent la côte. Qu’est-ce que c’est beau ! On comprend pourquoi le réalisateur de «La plage» a choisit l’endroit… mais que de bateaux… ah, si seulement Leonardo n’avait pas mis les pieds à Maya Bay. Sur la carte ultra-détaillée qui s’affiche sur mon smartphone je peux même voir les endroits précis où des scènes ont été tournées. Depuis que le film est sorti (en 2000), s’est instaurée une sorte de pèlerinage des occidentaux en mal d’aventure par procuration. Et comme les pécheurs du coin ne sont pas idiots, ils ont vite troqué leurs filets de pêches contre quelques banquettes dans leur embarcation afin de pouvoir conduire les hordes de touristes en ce lieu si symbolique ! Plus j’avance dans ce voyage plus je me demande s’il existe encore des coins préservés ?


Bob fait le job. Il nous fait faire le tour de l’île en s’arrêtant de temps à autre pour que nous puissions faire quelques ploufs et admirer la faune marine locale. Les enfants comprennent vite qu’il est bien plus amusant de sauter du bateau que de descendre par l’échelle. L’eau est tellement bonne. Hugo s’en donne à cœur joie et tourne en boucle. Je saute… je nage… je remonte… je ressaute… Et comme ils ont raison ! Je me prends au jeu et me mets à faire de même.

Lors de notre deuxième arrêt, nous nous retrouvons dans une petite crique à l’eau cristalline. Et c’est parti… tout le monde à l’eau. La GoPro à la main, je m'élance un peu n’importe comment pour faire quelques images sympas. Gros plouf !!! Je sors la tête de l’eau et me retrouve nez à nez avec une bestiole qui ne m’inspire pas du tout confiance. Un serpent de mer d’un bon mètre de long paré de magnifiques anneaux blancs et noirs. Magali qui se trouve à côté de moi l’a vu aussi. Moment de stress, l’animal est bien plus agile que nous dans l’eau ! En général, quand dame nature a donné ce genre de couleurs et de motifs aux animaux, c’est pour bien signifier à tous les autres qu’il ne faut pas venir s’y frotter. Nous donnons immédiatement de grands mouvements de jambe pour nous éloigner au plus vite et crions aux enfants qui nagent un peu plus loin de remonter dare-dare dans le bateau. Mon pied frôle l’animal qui ondule rapidement. Ça passe à moins de 5 cm ! Le serpent se dresse hors de l’eau, nous fixe de sa petite tête jaune et noire, et replonge immédiatement. Manifestement, l’animal est craintif et ne cherche pas les embrouilles. Ça nous arrange ! Aidés par la grosse décharge d’adrénaline, nous remontons dans le bateau en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Le cœur encore palpitant je me dirige vers Bob :


- « Euh… y’a des serpents dans le coin ? » (enfin, la même en anglais)


Profitant de notre baignade, Bob a repris la fumette et semble plus détendu que jamais :

- « Snakes??? no, no, don’t worry, you can go… »


- « Oui... mais là je viens quasiment de sauter sur un serpent avec des anneaux blancs et noirs. J’ai pas trop senti le truc…C’est dangereux ? »


Bob, qui n’a manifestement pas l’air de s’en faire…

- « No, not dangerous… », dans le plus pur style enjoy the life !


- « Mouaih?!? »


Avec Magali, nous avons quand même un vrai doute et décidons de quitter la zone. La peur retombe vite. Les 5 minutes de bateau qui suivent nous permettent de retrouver de la sérénité et de l’entrain et nous profitons pleinement de la dernière baignade qui nous offre le spectacle de centaines de poissons jaunes et noirs. Lisa parvient même à nager au milieu d’un banc de poissons multicolores.


Comme à l’aller, Bob manque de faire chavirer notre bateau au retour en affrontant les vaguelettes laissées par les embarcations plus massives… Va vraiment falloir qu’il pense à changer de boulot, il va finir par blesser quelqu’un.


Une fois rentrés, nous avons immédiatement la même idée avec Magali : requête Google sur les serpents de mer en Thaïlande. La réponse tombe : quasiment une seule espèce répertoriée, le tricot rayé à lèvre jaune que l’on appelle aussi cobra des mers. Pas de doute c’est lui.

Ce serpent vit sur les falaises et ne plonge dans la mer que pour se nourrir. Il est craintif et pas du tout agressif si bien que les accidents sont très rares. Et heureusement. Son venin neurotoxique, mortel bien sûr, est extrêmement puissant et équivaut à dix fois celui du cobra royal… Je suis vraiment content de ne pas avoir essayé. Je crois que si j’avais sauté dans la mer 50 cm plus loin je ne serai plus là pour raconter cette histoire… un anti-venin existe, certes, mais le temps que Bob Marley comprenne la situation et nous ramène, j’étais foutu ! Et dire que j’ai appris le lendemain, qu’en Thaïlande, les enfants ont l’habitude de jouer avec ces bestioles. Ils sont étonnants les enfants !


Je laisse la conclusion à Hugo qui après avoir vu le serpent en photo et écouté nos explications a fait une bien jolie synthèse : « Bob Marley, il a vraiment la neurone cassée ! » C’est exactement ça mon poussin.


Et maintenant, direction la Malaisie…



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